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Carryon

Une pièce sur le trottoir

 

 

 

See You

 

Ce sera dans une ville en Angleterre, seule au monde, perdue de tous. Ce sera, génial. Pour changer. Pour tout réinventer. 

 

Je n’ai jamais souhaitée être la petite amie du bassiste de Hummingbird, un groupe de rock alternatif. A croire que leur musique est une invitation à la légèreté depuis votre plus tendre enfance. Mais la célébrité vous tue à petit feu. Geo buvait beaucoup. Ces fumantes parties de poker le ruinait et je n'avais plus la force d’aller au studio. 

 

Les répétitions. Tu pouvais t’enfiler des lignes blanches dans de fines pailles argentées sans que ton téléphone appelle au secours. Rester immerger d'ivresse pour trouver les meilleurs compositions. Photographier le défilé des nanas tatouées. Et prendre des cachets pour délivrer les photographes, qui nous pourrissaient la vie. Je crois sincèrement que les regards braqués sur le moindre de vos faits et gestes, ajoutés aux applaudissements morbides m'ont complètement anéantie. 

 

J’ai donc décidé de quitter le groupe. Je me suis éprise de tout ce qui pouvait traîner dans le salon. Et j’ai dit Adieu. J’ai serré Geo dans mes bras en le regardant me dire tout bas ; c’est la dernière fois. Oui, j’ai quitté ce groupe. Tim est resté sans voix quand j’ai annoncé mon départ. Vincent a applaudi légèrement avant de reprendre sa Gipson. J’ai embrassé Enrico et je me suis envolée de cette vie en prenant le temps d’hurler chez moi à en crever.

 

Je savais que j’allais devoir vivre encore un bout de temps avec ce monde cruel et ses satanées désillusions... Mais le public a bien compris mon choix. J’ai promis d’envoyer quelques lettres à notre sujet en toute discrétion. Vous ne les verrez jamais qu’on se l’avoue, mais je les ai souvent entendu me remercier.

 

Ça passe

 

Excepté les cernes, les lèvres gercées et la cicatrice dans l’oeil, il se trouve que je suis plutôt une belle femme. Dieu merci j’ai vingt-neuf ans et je me porte plutôt bien avec cette taille de guêpe. Je suis toute d’attaque pour ce fameux départ à Londres. Encore faudrait-il que je quitte un certain hospice de tourisme... 

 

Je suis en cure de désintoxication si je peux le voir sous cet angle. Et si je ne porte pas les mêmes chaussures tous les jours ou si ma chemise est déboutonnée, c’est tout simplement que cette rébellion contre tout ce qui m’entoure ne peut plus durer.

 

J’ai mis quelques jours à comprendre que la volte face est nécessaire pour obtenir un peu de confort dans cet hôpital psychiatrique. Il fallait que je m’occupe pour échapper à ces « Pia-Pia », ces désintérêts, ces ingratitudes, ces cleptomanes, et même aux madeleines nappés de chocolat croquant.

 

Il fallait que je m’occupe. J’ai donc lancé la mode de l’écriture dans cet hospice et j’ai complété ma bibliothèque personnelle. Les rencontres ont toutefois été déprimantes mais j’ai eu la chance de recevoir de précieux cadeaux, qui m’ont guidés dans cette course contre la montre.

 

- T’es là depuis combien de temps ? Dis-je à une nouvelle passagère.

- Depuis samedi.

- Ah. Les premiers jours, ce sont les plus compliqués.

- C’est affreux.

- Oui je sais bien, mais ne dépense pas ton énergie sur cette rancoeur, retrouve toi et fais-toi plaisir comme tu peux, avec ce que tu peux…

- Je chante.

- C’est génial ça, tu peux essayer de me montrer ta voix ?

- Non.

- Allez, je ne regarde pas, promis.

- Non j’ai pas envie.

- Ok.

 

Bref, je n’aime plus ce que je suis devenue. Mais je sais pertinemment comment m’échapper de cette boîte infernale. Je n’ai pas choisie d’être ici, j’y suis sans mon consentement. Le groupe m'a flinguée. Délibérément.

 

Pieds et mains liés

 

Ils m’ont sanglée. Pendant plusieurs heures. Ma première nuit ? Dormir sur des attaches métalliques. Dans une chambre climatisée. Sans clope, ni alcool. J’ai bien entendu volé tout ce qu’il y avait dans les chambres des patients pour aspirer de la nicotine. Seulement, vous n’avez pas le droit de porter un briquet sur vous, il faut demander l’autorisation.

 

Vous n’avez pas d’eau chaude, ni de serviette. Simplement un sac personnel avec vos affaires : du savon, une brosse à dent mais pas de dentifrice et c’est à peu près tout. Privée de musique, privée de livre (à part ceux dénichés dans la salle télévisée), privée d’Internet, privée de portable, privée d’intimité, vous êtes séquestrée dans un couloir et une cour hautement sécurisée. Vous vivez dans quarante mètres carrés, vous êtes dans l’hôpital psychiatrique d’urgence le plus sécurisé de la région. Il pleut tous les jours. Et vous ne savez pas, quand vous sortirez. Il faudra attendre, chaque jour, il faudra attendre. Attendre.

 

Mon chocolat chaud ? Une cartouche de clope brièvement apportée par ma mère. Mes visites ? Des hurlements nocturnes, le bruit de chaussons glissant sur le carrelage cendré, les rires des innombrables infirmiers d’une méchanceté sans nom, les visages me rappelant les douloureux décès que j’ai pu traverser, les portes qui claquent, les figures de styles me bousillant l’oeil et les endives cuites à l’eau.

 

Alors qu’est ce qu’on fait dans ces cas-là ? On enlève la pile de la pendule, on oublie le bruit de la tuyauterie, on monte sur une chaise en talon compensé pour draper la climatisation. Et on prie pour éviter l'IRM. Bien entendu, sans votre consentement, vous pouvez faire appel. Durée de la procédure avant votre sortie de l’établissement ? Deux mois tout au plus. Sans véritable conviction de pouvoir gagner le procès. Vous êtes tributaire de l’analyse des psychiatres. Peu importe, ce que vous dites finalement, vous gagnez à prendre le cocktail médicamenteux pour faire passer le temps. Alors j’ai attendu.

 

 

Mezza-voce

 

Quand je suis sortie de cette détention trimestrielle, je ne reconnaissais rien. Je découvrais un nouveau monde. Découvrir un nouveau couloir, appuyer sur le bouton de l’ascenseur, respirer un nouvel air, ouvrir une portière, regarder le manège des voitures, marcher en découvrant ces visages familiers m’embrasser sereinement et commander une bière.

 

Force est d’admettre que je me laissais guider par ces personnes dont je ne comprenais nullement l’intérêt. J’étais sortie de cette cloison créative, c’est tout ce qui m’importait. Ou peut-être pas. Je n’ai jamais regrettée le groupe. Je pouvais m’amuser à jouer le psychiatre avec les passants et allumer des papiers mâchés. C’est principalement ce que je pouvais faire les premières semaines.

 

J’ai relu les pages de mes anciens amis et j’ai commencé à romancer leurs vies en guise de remerciements. J’ai appelé Nadja pour la faire chanter en attendant qu’elle sorte de cet établissement. Et j’ai compris que les médicaments seraient un réveil quotidien pour la vie. L’alcool ne m’a jamais manqué et j’étais plus ou moins heureuse à l’idée d’ajouter un peu de sirop de citron dans une bouteille Vittel. Les briquets sont restés pas mal de temps dans mes soutiens-gorge, mais l’arrivée d’une nouvelle cigarette électronique dans ma boîte aux lettres m’a fortement déplue.

 

 

Boomerang

 

J’ai rejoins IDHAI vers 22:00, un musicien hors pair. Un Dieu de la scène et une bête de chanteur. J’en suis toute déstabilisée à sa venue. Quelle chance... Ce soir, le groupe se produit à l’International, une bande de rockeurs hyper sexy et monstrueusement beaux. Ah... Idhai, Idhai, Idhai...

 

Un bel échappatoire. Le serveur à la crête noire me sert un shoot de vodka et me pique 2 euros au passage. Normal. Et vl’à la foule qui s’agite. Encore. Je bois une pinte de 1664 et scratche ma cigarette contre la veste d’une brune aux cheveux trop longs. Un vif rappel pour Lise, cette infirmière dégueulasse. J’ajuste mes lunettes anti-reflet, histoire d’arranger ma soirée comme prévu.

 

Le bassiste part dans les graves, sans annoncer que l’expérience musicale allait battre les records d’audience, of course ! 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le groupe joue « Blue Eyes »

 

 

 

A quest for eternity

 

Ta soif d’éternité

 

A lost family

 

Une famille enlevée

 

I’m leaving where the night resounds

 

Je m’en vais là où résonne la nuit

 

All my ruined prayers

 

Toutes mes prières ruinées

 

 

 

 

Needs a great moment

 

Il faudrait un grand moment 

 

A fixed instant

 

Un instant fixe

 

For lightening what do you hold

 

Pour éclairer ce dont tu détiens 

 

Look at me, maiden

 

Regarde moi, jeune fille 

 

I am broken

 

Je suis brisé

 

 

Je retrouve enfin ma liberté mais il sera bientôt l’heure de rentrer. Les visages et les chuchotements me percent les oreilles. Et c’est ainsi que l’étrange retour à la maison peut commencer, à mes risques et périls. Sans euphémisme. 

 

 

L’absurde

 

Le pire ? C’est que ce n’est pas de leur faute. A la foule. L'apprentissage quotidien est source d’enrichissement - la gamification, un jeu d’enfant et bien entendu, les artistes doivent justifier leur salaire.

 

Ils ne se rendent pas compte de la réelle torture infligée puisqu’il s’agit non seulement d’une expérience scientifique et mythologique ainsi qu’un rappel à l’ordre. Pendant ce temps-là, les parents s’infligent eux-mêmes des émotions, surplombées par leurs proches. Moi dans l’histoire ? Je dis merci à Geo malgré l’abomination sans nom qu’il m’a apportée, avec le groupe. Avec notre nous.

 

L’absurde renforce bien entendu les capacités de survie humaine en supprimant tout sentiment humain ou animal. Et l’analyse est une quête de survie immuable. La porte de sortie se trouve à ce stade à la « fuite ». Quoi qu’il puisse se passer, car tout sera « juste » retour des choses. C’est pour cette raison que j’ai décidé de m’enfuir loin de Paris.

 

Alors, faut-il être vraiment « Baba Cool » pour bien vivre ? C’est ce qu’ils chantent en tout cas. Et je le pense. Seulement ici réside une ouverture vers l’abandon total. Mais l’art est une prononciation de l’amour sous toutes ces formes mutuelles ; l’écoute, la vue, l’ouïe et l’odorat. Chaque combinaison peut vous emmener vers des voyages au coeur de l’inconscient. Source d’inspiration commune. Il n’y résulte que d’une mythologie groupée en France et même dans le monde…

 

La nouvelle question, qui soumettra certainement des figures de styles différentes est : quelle culture étrangère ? L’amour, oui - Ah cette fameuse question… Oui bien entendu, pourtant celle-ci n’agit pas forcément sur l’instinct de survie.

 

Devenir Baba Cool.

 

 

Il est mort

 

Ce sera au sud de l’Italie finalement. Au soleil, avec des talons aiguilles et une vogue bleue. J’arpenterai les pavés bruns avec Théodore, mon Golden Retriever et mes friends adorables. Je serai illustratrice pour dorer les couvertures de livres, et j’apprendrai de nouvelles sonorités à tomber par terre.

 

Chaque matin, j’irai prendre mon café corsé à la Storia, en compagnie de nouveaux artistes. Ah ce quelle est belle cette vie, la vue des lacs est toujours aussi beautiful et mon archet ne me quitte pas. Les leçons de violon me sont données par Claudio, un charmant jeune homme, avec qui je discute philosophie ? Plutôt enchainement musical, les partitions deviennent de plus en plus envoutantes et je dois filer pour mon prochain concerto avec Ibrahim...

 

Cette vie me va plutôt bien, la jeunesse m’envoie de beaux espoirs et je sors souvent dans d’étranges lieux aux notes savourantes et vuolaitantes. Une nouvelle raison pour parcourir cette étonnante ville où le ciel n’est nul autre que le ciel et non un chapiteau de cirque.

 

Pourtant parfois, il se trouve que je l’a regrette quelque peu, cette vie de bohème. N’êtes-vous donc jamais allé à Paris ? L’idée est là, celle de la nouvelle découverte.

 

Baletta, une ville au sud de l’Italie. Avec ces olives croquantes et ces tableaux à savourer à chaque coin de rue. J’ai appris à me vêtir comme une vraie italienne. Je suis monstrueusement belle, et je poursuis ma quête vers la liberté et la détention de soi.

 

La plage de Trani et son port de pêche est plutôt agréable et bien entendu mon vieux téléphone vivre de nouveau…

 

- Hi, c’est Thibault, life is not too difficult ?

- Cela n’a pas son égal… et toi ?

- Je voulais t’annoncer que Margaux est enceinte.

- Ah…. Ouhaaa mais quelle bonne nouvelle, c’est merveilleux, bravo à vous !

- Merci, et tu es invitée pour célébrer cette merveilleuse nouvelle.

- Trop aimable.

- Bon, perd pas le fil, y’a pas mal de monde qui t’attend ici, tu le sais.

- Je le sais.

- Ok. Margaux te fait un bisou et ce serait cool que tu donnes des news de temps en temps, ça marche ?

- Oui bien sur !

- Allez, prend soin de toi, je t’embrasse.

- A vous aussi.

 

Quel moment de bonheur… s’allonger sur le sable, face au soleil en feuilletant « Les Naufragés » de Graham Greene. Avec tous ces châteaux de sable soigneusement élaborés par les enfants, les cerfs volants, les multiples jeux, les marchants de chouchous, les bouées gonflables, les publicités aériennes, l’eau turquoise et les fourchettes argentées...

 

 

Good evening

 

L’administratif a du bon. Il me tarde d’être inscrite chez Pôle Emploi. En ligne. Me débarrasser de manière définitive de ces pièces poussiéreuses sans aucune luminosité. Depuis. Trop longtemps. De cette satanée chaudière et de ces gouttes de pluie dans les murs. Je dois malheureusement revenir une toute dernière fois dans cet appartement pour m’évader à Los Angeles.

 

Trois semaines. Road trip en Amérique. Oh my God ! Ou devrais-je mentionner, lumière ! Dans la vie, il y a certains échappatoires qui méritent d’être mentionnés pour vivre avec attention sa propre route… Je serai strip-teaseuse. Je saluerai la foule à l’aéroport et je m’envolerais pour une escapade dans nos chers et tendres regards masculins. J’aurai un corps de rêve et des copines merveilleusement bienveillantes.

 

Je bosserai pour le Secret Square à Torrance. Je danserai toute la nuit dans cette atmosphère tamisée et le chef Podkowa régalera toutes les plus fines papilles.

 

Danser, pour le plus grand bonheur du public. J’irai longer les routes en sortant du club, saluer les Motards et pourquoi pas, ajuster leurs foulards rouges. Dans cette ville, il n’y a qu’une raison de vivre; celle de prendre soin de toi, puisqu’on prendra largement soin de toi.

 

L.A, tu arrêtes quand tu le souhaites, tu poursuis quand tu en as envie, L.A. Tu te souviens des règles de toutes façons ? Elles sont strictes, très strictes : Repousser délicatement l’homme qui souhaite te toucher, enchaîner les chorégraphies extrêmement bien maitrisées, ne pas faire fausse route aux filles, ne jamais se droguer mais avec une coupe de champagne c’est sans doute plus agréable, et dorloter, dorloter, en veillant à prendre un taxi le soir, quand tu rentres chez toi.

 

 

 

 

 

 

 

 

Muffins d’automne

 

Thibault a eu la bonne idée d’organiser une soirée entre amis pour inaugurer la cabane de Margaux. Je porte une robe Versace, munie d’une fourrure blanche couvrant mes épaules ainsi qu’un sac Chanel beige crème. Histoire de faire bonne figure dans ces mémorables instants. J’en ai la gorge serrée.

 

Généralement je n’apprécie pas les illusionnistes même si leurs tours sont remarquables. Parce qu’il a bien évidemment pensé à tout. Le splendide buffet abrité sous une toile blanche pas tout à fait bien tendue, les lanternes volantes et l’orchestre « Muitil », célèbre pour jouer des sonates pour violon et clavier de Bach à la perfection. Force est d’avouer que ces mélodies sont d’un enchantement…

 

Les violons sont fabriqués chez Aldric. Une raisonnance discrète à mon arrière grand-père, l’un des plus grands luthier français. Mais les bons instruments sont chers, et je me vêtie uniquement chez Juice & Tea, le seul magasin de location de luxe de courte durée.

 

La soirée bat son plein, toutes les femmes ne me ressemblent pas. Elle conversent avec beaucoup de personnes, rient aux éclats et bien entendu, me défigurent comme si j’étais la femme la plus laide au monde. Ces femmes aiment généralement étudier un jeu dangereux que je nommerais « Absurdis ».

 

La cabane de Margaux est entourée d’un épais ruban rouge, un cadeau empoisonné. Il est temps pour moi, comme à mon habitude, de me réfugier dans les bois… Cette maison a pour avantage d’être cernée par de grands arbres aux épaisses racines, quelques buissons feuillus et d’étonnantes plantes coriaces. Cette verdure fleurissante accueille une faune diverse et ces temps-ci, je parle à voix haute, mais ma voix est enrouée à la lecture de mes chansons.

 

 

Symboles

 

C’est dans l’herbe haute, en cet après-midi nuageuse que je m’exerce à un morceau aux notes altérées... L’apprentissage du violon n’est pas si difficile et c’est studieusement que je m’apprête à jouer Gymnopédies d’Erick Satie. Pour la première fois, je peux entendre les battement d’ailes et me laisser danser sur l’ambiance de la saynète.

 

C’est ici que je me sens moins brisée, éperdue dans la légèreté des vibrations et la maîtrise de l’archet, sans compter la direction de mon doigté. Elle ne correspond toutefois pas à la musique originelle, celle orchestrée par les compositeurs.

 

Marc enseigne cette méthode de manière ludique et amusante. L’apprentissage de cette discipline passe forcément par la connaissance du solfège, et dans des lieux adaptés pour composer.

 

Les voisins peuvent crisper leur front à l’écoute de cette nouvelle connaissance. C’est à ce moment-là que vous dessinez de nouvelles notes, s’accordant au rythme des figures de style. Seulement, maîtriser votre allegro est indissociable avec l’art d’entretenir une nouvelle partition. Alors, le métronome est sensiblement de mise pour stabiliser votre jeu, en adéquation avec dolce, vous pouvez enfin reprendre l’enchaînement de vos accords.

 

Pour débuter, je recommande deux morceaux célèbres du répertoire classique ; interpréter le Prélude de Bach est un moment inoubliable et porteur de sens, l’extrait de la Sonate au clair de la lune de Beethoven vous rendra toute la volupté tant admirée par de nombreux novices en lecture de portée.

 

Loin de moi l’idée d’enseigner à mon tour, l’interprétation virtuose de la lecture des rythmes, je ne souhaite qu’entreprendre une nouvelle vocation; celle de jouer du violon. Le temps se couvre, il est temps d’accrocher un point d’orgue au dessous de cette dernière note.

 

La Savoie 

 

L’étrange phénomène des croisés, je ne skiais pourtant pas très vite. J’ai eu la chance de résider dans un somptueux chalet au centre du village de Valloire, en Auvergne Rhône-Alpes. C’est en ce lieu que j’ai capté la plus belle image de ma vie. Celle de voir, Geo l’air penseur à la vue d’un groupe de rock, sa soeur en arrière plan. Picture. C’est également sur cette scène que je me suis posée la plus grande question de ma vie… Double fracture.

 

Le genou gauche devra être rééduqué, puis opéré pour l’exercer de nouveau. Durée du manège ? Huit mois. A moins d’avoir un temps d’avance sur la première étape de rééducation. Les ligaments peuvent se souder pour éviter l’opération. ON NE SAIT JAMAIS ce qu’il se passe lors d’une opération.

 

J’ai donc profité de ce séjour à la montagne pour découvrir le « ski-bar » et ses affriolantes gourmandises. Café liégeois, madeleine et smarties. Toujours mon crayon en main, je m’allonge dans un transat et j’échange avec Marie. Une amie d’enfance perdue. I miss her every day…, nos photos me permettent de retrouver cette vivacité, cette fleur à jamais perdue dans mes dessins. Quels souvenirs résident dans chacune de tes manières ?

 

Elle est partout, parfois je l’a retrouve dans les visages, dans les conversations, dans les gestes et même dans les pensées. On me permettra volontiers d’emprunter l’une ce ces plus belles phrases ; C’est dans nos erreurs que l’on reconnait la beauté de toute chose, ainsi que la terreur de tout ce qui nous inspire.

 

- Bonjour Madame ! Est ce que vous désirez autre chose en ce temps merveilleux ? Me demande le serveur.

- Quel plaisir de vous voir Monsieur, cela faisait longtemps que je n’avais vu un tel sourire. 

- Mais je vous en prie, c’est normal en vous voyant si...

- Permettez-moi de reprendre la main immédiatement, oui, je souhaiterais en effet l’addition. 

- Mais pourquoi ne pas profiter de ce si joli soleil, vous avez l’air en mauvais point avec votre genou, si je ne me trompe pas ? 

- Je ne parle pas beaucoup Monsieur, je m’en excuse. 

- Je vois... je vous apporte cela tout de suite Mademoiselle.

 

Je pense qu’à cet instant, on se serait regarder, Marie et moi, l’air « complice ». Elle aurait glissé discrètement mon numéro dans la poche de ce bel homme, si proche de moi. Mais pendant ce temps-là, les flocons de neige auraient fondu sur mes mains glacées et c’est en fermant les yeux que je l’aperçois, me dire ; ne t’arrête pas. 

 

L’éveil

 

Il m’arrive de dormir souvent, le temps passe moins lentement mais je serais presque en mesure d’avouer que ma liberté se trouve en partie lors d’un profond sommeil.

 

Les berceuses détruisent le jour. Ce sont ces instants matinaux qui vous redonnent l’envie d’agir, comme si le phrasé de Marguerite Duras proposé dans « Hiroshima mon amour » relève le goût de votre café allongé.

 

Le réveil a toujours un goût amer dans cette ville, pourtant j’ai cette nette impression que les bruits des travaux s’arrêteront un jour. Un hôtel se construit juste derrière ma chambre, et à Paris, ne comptez pas sur votre régie pour lever le petit doigt. 

 

Le matin, j’ai pour habitude de boire de la Saint Pelligrino, un substitut à la bière pour affronter le monde qui m’entoure. Ou un pichet d’eau du robinet, tout dépend où je me situe. Mais force est d’avouer que le sirop de menthe rafraîchissant reste la meilleure solution quand l’odeur de la pollution vous envahie, même chez vous.

 

Paris reste une belle ville, magnifique et pleine de surprises. Chacune de vos journées ne peuvent se ressembler. Il suffit de s’assoir et admirer les couleurs et les styles, le mouvement et les véhicules, le bruit assoiffé des touristes et pourquoi pas, le va et vient des feux rouges. J’aime Paris, mais j’ignore pour combien de temps.

 

Cette ville de mystère est effectivement assortie d’attrapes-nigaud en tout genre, mêlée à d’étranges arrivistes vous soufflant à l’oreille de sordides mesures rythmiques. A Paris, tu ne peux imaginer le nombre de rencontres que tu obtiens.

 

C’est une ville où tout est possible, on pourrait même croire que toutes ces femmes dessinées par Lorcamau Bouquet à la « Jessica Rabbit », attendent leur amour en prenant leur café devant la Gare Saint-Lazard tous les matins.

 

 

Sancerre

 

Les jambes bien croisées, la cambrure ajustée, j’ajuste mes cheveux en l’attendant, une vogue bleue se consume sur le cendrier noir laqué et je n’ose à peine siroter mon champagne. Les Contagis ont appris que notre champ de vision monuculaire (de 94 à 110°) était bel et bien réel, erreur de parcours. J’attends mon nouveau rendez-vous avec une telle impatience que le bruit ne me guette guère.

 

Nous partirons ailleurs, juste après notre introduction. J’imagine les nouveaux signaux, les nouvelles verdures, tout ce qu’il y a de plus magnifique, ne serait-ce qu’avec lui ? Et si toutefois... Il pouvait me faire écouter d'autres chants. Et si ce serait lui ? Pour contrer cette malédiction sans nom que le groupe m'a doté. Oh est ce que ça pourrait être lui, laisse moi réfléchir deux minutes... 

 

lI arrive. C’est avec un immense sourire que je l’accueille à ma table. Prenez place très cher, protégez-moi de tout. 

 

- Je suis ravie que tu sois là Richard…

- C’est à moi que revient le plaisir, dit-il en faisant signe au serveur d'apporter le menu. 

- Je suis désolée, j’ai commandé une coupe de champagne en attendant...

- Je t’en prie, tu as bien fait, dit-il en replaçant mes cheveux derrière l’oreille. 

 

C’est sans doute la curiosité de mon regard qui me rend silencieuse. Je me sens tout drôle, comme si tout ce que j’avais vécu, comme si tous mes rêves d’évasion s’envolaient et s’attachaient uniquement à cet homme, à nous deux.

 

- Je ne parle pas beaucoup Richard, je m’en excuse. 

- Tu prendras le temps qu’il faudra pour me parler, en attendant, regarde ces arbres et viens prendre une coupe de champagne avec moi par la suite…

 

Je ne sais pas si je dois pleurer, sûrement pas, reprends toi ! Mais c’est effectivement les yeux pétillants que je regarde cet inconnu qui me semble pourtant si familier. lI est beau, j’ai de la chance ! Je l’écoute parler sans hésitation, parfois un dernier soupir du passé m’entraîne vers d’autres horizons, mais le temps passé avec lui ne devrait jamais s’arrêter, jamais. au grand. jamais. C’est lui.

 

Just a gift 

 

Chaque jour est différent, la preuve ! Je ne me souviens jamais de la veille et pour cause ! L'art n'est-il pas une manière de glorifier l'homme ? Je le pense. C'est pourquoi aujourd'hui, je regarde le ciel sur mon balcon. Le temps qu'ils viennent transformer le décor de ma chambre pour partager notre plaisir commun. 

 

Nous avons bientôt terminé notre roman pour montrer au monde entier ce qu’est, la liberté. Ah cette liberté, cette pension créative ou devrais-je dire, une volée de souvenirs. Juste le temps pour moi d’attraper un foulard de couleur prune brodé en lettres minuscules bleu nuit :

 

All the word oses me a living

Walt Disney

(Le monde entier me doit la subsistance).

 

Je porterais aujourd’hui une robe satin claire de chez Max Mara, des sandales Tropeziennes montantes, ainsi qu’un sac à main pelochon beige en cuir "imitation croco". Et j’irai me balader au Parc Monceau, photographier la récréation des enfants de l’école primaire Fénélon Sainte-Marie, écouter de beaux proverbes, sans oublier de jeter un dernier coup d’oeil à ce couple merveilleux.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Jick

 

Je suis sortie avec Jick peu de temps après notre rupture. Le groupe m'étouffait, les groupies étaient devenues ivres de passion, et ne juraient que par ce fameux oiseau gigantesque et fabuleux dont parlent les Mille et une Nuits. Geo s'abrutissait et devenait de plus en plus alcoolisé chaque soir. C'est avec une pomme par jour qu'il est devenu squelettique et que mon amour pour Jick prenait place. 

 

« Bonjour Amour, cette foutue scène me suit constamment et je suis heureuse d'avoir trouvé une petite trape sous les gradins pour te rejoindre à la sortie, on m'a dit que tu m'attendais avec une fleur violette, celle qui fleurie uniquement à Belleville. Je pense à toi. » 

 

Jick avait pour seul objectif d'émerveiller. Je me suis intéressée à Kundera plus particulièrement. Nous nous perdions dans les rues de Paris en roller, en manifestant des chorégraphies "Heigh-Ho !" avec une bonne dose d'alcool fort. Jick... si seulement ma peur du sablier ne l'avait pas effrayé, je pense que nous serions encore ensemble. Tous les deux. Il en va d'une toute autre histoire, comme d'habitude.

 

Angiome cancéreux à l'épaule gauche. Huit mois de calvaire. Radiologues, dermatologues, médecins généralistes, infirmières, chirurgiens, réceptionnistes... Huit mois d'enfer à ne pas savoir si les métastases se sont propagées dans le thorax. Huit mois...

 

La greffe fût une abomination. Une cicatrice épaisse du bassin jusqu'à l'aisselle. Un "plâtre" posé sur l'épaule rafistolé par le docteur Frankenstein… Après l'opération, Jick a été hospitalisé à la maison pendant deux semaines. Plusieurs visites médicales par jour pour contrôler les tuyaux en plastique alimentés dans son corps et reliés à d'étranges bouteilles rouges bulleuses. 

 

Il n'a jamais dit « j'ai mal". Je pense à lui régulièrement. Il m'a quittée un matin de printemps lorsque la radiothérapie l'a rappelé à l'ordre. Je me souviens avoir tourné la clef de la boîte aux lettres, Jick venait d'être admis chez Pôle Emploi et subira ses soins à Lyon, chez sa mère, en bonne et du forme.  

 

 

En plein air 

 

L'île des cèdres, non loin de l'Etrier de Paris et de la Fondation Louis Vuitton est une visite improbable en automne. Je me balade souvent avec Fells, mon étalon favori. On parcours le long des ruisseaux, mes pensées sur son encolure. Fells est un frison d’une robe noire brillante et d’un incroyable caractère.

 

J’attache les rennes sur une branche d’un saule pleureur, j’enfile mes écouteurs et prononce les paroles de Neil Young « Cortez The Killer ». J’enlève quelques pétales en attendant qu’il vienne me chercher. Mais il ne viendra pas. Alors, je profite de cette nature pour écouter les vibrations des crépitements, le vent battant sur les fines branches, la démarche des écureuils sur les feuilles séchées, l’envolée d’une bécassine, juste le temps pour moi de poursuivre cette musique en ajoutant le soufflet d’un accordéon, le plus doux des bonheurs.

 

Ces vieilles et belles personnes marchent avec leurs cannes. Un couple propose des sucres d’orges dans les mains de leurs enfants. Cet homme a l’air pensif à la vue de cette jeune femme, portant une robe rouge à points blancs. Tandis qu’une petite canaille tire les jupons de sa mère pour sauter dans cette barque et nourrir les canards. Le vent affriole les sourires et je m’emporte dans cette atmosphère dansante, pleine de couleurs vivantes. Les oies chantent et battent leurs ailes sur l’eau, les jumelles des petits veinards font fuir les douces dénudées, mais mon cadran lui, ne fonctionne plus. J’aurais simplement gagner la venue d’un chat dans mes bras.

 

C’est toujours avec nostalgie, que je ramène Fells à l’écurie. J’aurais eu la chance de dresser le tableau d’une matinée, pas tout à fait comme les autres… Puisque c’est notre chant, celui qui se trouve et se détache de certaines partitions. Je laisse le soin à Camille de s’occuper de Fells, pour que je puisse savourer un verre de Chardonnay, face au manège de la voltige.

 

 

Divin

 

Un parfum de clémentine m’inspire, des lumières tamisées violettes reflètent les fleurs attachées à la balustrade et je pleure en me caressant les cheveux. Gloire à nous ! Levez vos flûtes et faîtes les tinter à notre santé même si cela me cause de sacrées migraines...

 

Les nausées matinales me causent du tord. Alors, j’ai changé de programme quand j’ai lu le journal. J’ai certaines aspirations, loin des électrochocs du groupe. Je me déplace sur la superbe terrasse du restaurant Le Coq. Je réserve mon cocktail préféré, un Cucumber Tonic, Gin Hendrick's, Fever free tonic. J'allume une cigarette, et la journée peut commencer.

 

J’ai doucement placé mon livret de solfège dans mon sac à main et j’ai dit au revoir à ma prochaine édition « Light », une voie royale pour intégrer le plus grand concerto de violon de Paris. Puisque tout le monde décide pour moi, j’ai aussi envie de montrer à Hugo Pettini, peintre formidable, qu’oublier une amie peut coûter cher, quand on est amoureux…

 

 

Adrien

 

- J’ai une triste nouvelle à t’annoncer Adrien mais ne t’en fais pas, tes parents ont tout prévu. Je m’appelle Blueberry, un nom de code pour stipuler que je suis dorénavant ton garde du corps. Trop de violences ont eu lieu sur Paris ces derniers temps, as-tu regarder les informations ? Adrien, il est temps pour toi de vivre sereinement le temps que le monde se calme, d’accord ? Tiens, prend ce blouson en cuir, cadeau de tes parents. Adrien, est-ce que je peux te faire confiance ?

 

Il m’a regardé, je l’ai regardé en clignant de l’oeil et il m’a tendu la main. J’ai retiré de l’argent et on s’est réfugié à l’hôtel Monge. Dans le cinquième arrondissement de Paris.

 

La décoration est très parisienne, raffinée : tissus velours, papiers peints tropicaux et lumière douce de l’éclairage en fibre optique. Douche à l’italienne, triple vitrage, wifi haut débit offert, minibar, coffre-fort et surtout, table et fer à repasser sur demande.

 

Le jardin des Plantes n’est pas très loin, ce qui nous permettra de visiter le Musée d’Histoire Naturelle où regorgent de vilains dinosaures. Et faire un tour au salon de thé de la Mosquée de Paris, un havre de paix pour apprécier la vue des palmiers et savourer une pâtisserie sucrée.

 

- Blubelly, tu sais quand le monde va se calmer ?

- Ecoute, je l’ignore malheureusement, mais ne t’inquiète pas, on va faire en sorte de passer le temps tous les deux. Aimes-tu la musique ?

- J’aime bien Squeezie, Norman et Cyprien.

- Ce ne sont pas tout à fait des musiciens Adrien, voyons, non moi je te parle de musique tendance, tiens, mets ce casque, écoute et dis moi ce que tu en penses.

 

Je l’ai laissé dans la chambre avec mes outils, et je suis partie rejoindre Céline, une de mes rares amies.

 

 

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Dress Code : Cuir. Je rejoins Céline vers minuit. A priori Céline bosse pour une boîte dédiée à l’intelligence artificielle. Elle m’aime bien. Et moi aussi. On se pavane rue Montmartre pour se rendre au Silencio. Pour trinquer à la santé de Chinese Man. L’entrée n’est pas payante, mais on a tout ce qu’il faut dans nos soutiens-gorge.

 

Céline descend l’escalier en pierre avec en poche, une carte black. Gin tonic pour mademoiselle, olives noires pour ces troupeaux Contagis. 1-2, 1-2, on danse ensemble sur les pulsations des baffles grillagées 1 2-3, 1 2-3.

 

On danse, et c’est ce qui nous provoque quelque chose dans le coeur. On se laisse aller et l'euphorie des visiteurs nous entraine ou nous intègre dans de folles prestations. C'est l'heure de saluer le serveur pour la troisième fois de la soirée et commander un whisky sans glace. 1 2-3,  1 2-3. J'observe la foule attentivement, mais comme je ne vois pas grand chose, il faut avouer que c'est un sacré avantage.

 

Le bar est mon mirador. Je l'ai perdue de vue mais j'imagine que les escarpins et mes bas Wolford sous ma jupe en cuir ne demandent qu'à être... 1 2-3-4, 1 2-3-4, un peu remarqué. Céline arrive avec sa belle veste noire, qu'est-ce qu'elle est belle cette nana. Un jour, elle m'a confiée qu'il était difficile d'être jolie. On ne va pas la plaindre. Les femmes ont perdu leur potentiel féminin, c'est une leçon dûment apprise au Secret Square, non loin de New York Film Academy. 

 

J’ai rencontré Céline à la sortie du métro Châtelet. Je me suis paumée dans ce labyrinthe. Ces lumières grillées, ces sculptures de femmes rondes et colorées, ces mauvais assortis, ces gestes et démarches affriolantes. C’est dans cette enivrante atmosphère qui peut vous faire mal aux reins, que nous nous sommes embrassées pour la première fois.

 

C’était comme si je l’a connaissais depuis toujours.

 

 

 

 

 

 

 

Bye-Bye !

 

J’aime bien rester chez moi, le téléphone éteint. J’ai un de ces mal de tête. J’ai l’impression que mon appartement est un lieu de culte. Il faut que cela change. J’enfile un pull épais gris, un leggings noir, des chaussettes trouées et des baskets blanches.

 

J’écoute Alexander Markov et je peux commencer mon troisième déménagement. J’ai tout jeté. Sauf une vieille guitare cassée, quelques livres et certaines lettres de Jick. Les souvenirs se détruisent pour en créer de nouveau ? C’est ce dont j’aspire.

 

J’ai pris le temps d’ajouter à mon sac à dos ; un gant d’enfant multicolore, un calepin, et quelques stylos, du savon, plusieurs bouquins et de nombreuses feuilles blanches cartonnées. Je me suis assise sur le tapis et j’ai regardé pour la dernière fois les tableaux accrochés au mur. J’ai pensé à Adrien et j'ai soufflé à l’écoute des talons de ma chère et tendre voisine, tapé dans les mains quand les volets électriques se sont déclenchés, et siffler à l’écoute de son entraînement de piano.

 

Cet appartement a été mon musée, mon atelier de création. Et c’est en ce jour que j’ai décidé de le quitter. C’est bientôt le temps pour moi de voyager. Je dirais même que c’est arrivé.

 

 

Paris-Orly.

 

Le taxi m’attend. Direction l’aéroport Paris-Orly. Je regarde le ciel à travers la vitre, en écoutant la radio avec un regrettable sourire mais je ne réponds pas aux questions du chauffeur. Je profite de ces derniers instants avant le grand voyage. Celui dont j’ai tant rêvé.

 

Terminal 2. Je claque la portière doucement, et je me rends à la borne d’Air France.

 

- Bonjour, je voudrais un billet simple pour n’importe quelle destination s’il vous plait.

 

La réceptionniste me regarde l’air étonnée. Elle pianote sur son ordinateur en bouffant un pain au chocolat.

 

-  Il y a une place pour Toronto à 14H15 ?

-  N’y a t-il pas un pays plus, exotique ? Je réponds.

-  Laissez-moi regarder… Mozambique, 16h10 ?

- Très bien, voici ma carte bleue, je vous souhaite une bonne journée. Et surtout, merci. Merci pour tout.

- Mais je vous en prie. Dit-elle tout sourire. Mais attendez Madame, vous avez oublié vos billets !

 

Je l’ai regardée attentivement. Quelques secondes. Je lui ai présentée mes excuses en lui annonçant que je n’en avais plus besoin. Puisque j’attendrais ici qu’on m’apporte des sandwichs et quelques pièces de monnaie le jour de l’an. Je dessinerais au feutre noir, sur un bout de carton séché : Would you die for me ?

 

Et c’est ce qu’il s’est produit.